"Je dirai malgré tout que cette vie fut belle" Jean d'ORMESSON (FR)
C’est une autobiographie d’une impressionnante richesse, drôle, anecdotique et pittoresque que nous présente Jean d’Ormesson. Séquencée en quatre grands chapitres et écrite sous la forme d’un procès, on y retrouve un panachage ficelé avec brio de sa vie, indissociable de l’histoire de la France, de la littérature, du journalisme et de l’amour.
Ce faisant, j’accuse un style parfois assommant lorsque l’auteur site un nombre incalculable de personnalités de tous genres, auteurs, chanteurs, acteurs et que sais-je encore, qui se mêlent et s’entremêlent dans les méandres sans fin du labyrinthe de leur vie. Heureusement que son « Sur-moi » (rôle de juge) est là pour le cadrer.
Néanmoins, si nous écartons cette aspect-là, nous retrouvons aux tournures de ses phrases merveilleuses, cette personnalité tendre, chaleureuse et charismatique que nous lui connaissons bien. Ne manquant pas de nous divertir de ses anecdotes cocasses, comme l’argumentation tenant en trois points d’Aron pour son élection au siège de directeur du Figaro :
« Il n’est pas tout à fait stupide - Il a des opinions très fermes mais assez vagues, c’est commode - Il est d’une ignorance encyclopédique. » - Ma préférée.
Ou touchantes, comme celle d’un père repenti d’avoir jadis, choisi la mondanité, la luxure et la liberté, au détriment de l’enfance évanouie, de sa fille bien aimée.
Au regarde de ce qui précède, Jean d’Ormesson restera à mes yeux « ad vitam aeternam » un écrivain de renommée. Je ne le crois, n’y de fausse modestie, n’y ennuyeux comme certains le disent. Car qui sait si, lorsque nous serons nonagénaires et que l’âge mûr aura cédé sa place à la vieillesse, le temps passé n’aura pas sur nous l’effet d’un boomerang, nous rappelant cette criante vérité, que la fin de notre Temps est inéluctable.
A lui, l’honneur de clôturer
« C’est une chose étrange
à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces matins d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube
première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien
ne passe après tout si ce n’est le passant
Je dirai malgré tout que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui parle ici
N’ayant plus sur la lèvre
un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle » - Jean D’Ormesson citant Aragon
Derniers commentaires
Ohh! C’est bien joliment dit! Merci !
Nos destins devaient se croiser aujourd'hui, alors que je viens de poster cette critique. Nos partages sur Messenger m'ont mise en émoi, comme si le temps s'était arrêter. A très vite.
Grâce a toi je vais le relire (-;
Bonjour, savez-vous qui a écrit cet article? On vous remercie beaucoup, il s'agit de notre grand-maman qui lit aujourd'hui ce bel article.