21. juin, 2019

"Les chaussettes en titane" de Olivier CHAPUIS (CH)

« Quand la passion du sport fait face à la violence de l’actualité »

Le tour de France, appelé aussi « Le Tour », a été créé en 1903. A cette époque, composé de 6 étapes équivalentes à 2428 km, il était dévoré à une moyenne de 25 km/h par des coureurs dont le poids des montures atteignait les 20kg. En 2018, ce sont 21 étapes et 3349 km qui sont avalés par des coureurs filant en moyenne à 40km/h et des montures d’environ 6,5/7kg maximum.

En un siècle, alors que le parcours et le matériel de course à furieusement évolué, peut-on s’attendre à la même chose de cette « rage de vaincre » des participants ? Qu’en est-il de cette passion que tout sportif de haut niveau affectionne… celle qui, aujourd’hui, les pousse à fleurter à « trépas » pour atteindre la victoire ? A-t-elle évolué elle aussi ?

Dans son dernier livre, Olivier Chapuis nous glisse dans la peau d’un coureur du Tour de France. Mélangeant les figures de styles par une écriture de qualité, il énumère avec gradation un amalgame symptomatique et émotionnel du narrateur et non-moins acteur principal Frédéric Baumgartner.

« La course s’emballe, ça frotte, ça joue des coudes, dans la fournaise de juillet, nous frôlons le mur du son, grand braquet et petit ricanement intérieur lorsque les échappés sombrent à l’arrière comme prévu, défaits, le visage creusé de sueur, les mollets à vif. […] L’énergie des autres me porte, nous galopons à l’infini d’un horizon bleuté et flou, entre les herbes hautes qui maintenant peuplent les champs alentours. »

Par des sujets universels tel que l’homophobie, les grèves, la violence et l’amour, l’auteur ajoute l’actualité à son histoire, nous permettant ainsi de vivre dans un quotidien projeté. Cependant, selon le quatrième de couverture, l'histoire confronte le protagonyste à l'homophobie en témoin. Ce sujet se voulant pourtant « principal » m'a semblé survolé, manquant d'ancrage pour y être la pierre angulaire de cette oeuvre. La violence gratuite et l'impact médiatique m'ont paru plus marqués. Pourtant, au travers de toute cette actualité, le personnage de Frédéric est attachant. Par la digression, nous le voyons évoluer dans sa ligne de vie. Ses pensées, ses valeurs progressent, changent, ce qui apporte une contenance et un attachement à sa personnalité.

Néanmoins, sur un aspect plus subjectif, l’histoire ne m’a pas accrochée. Pendant qu’ils dévorent à deux roues les Monts et Vallées, je suis restée en plaine… J’affectionne la pratique du cyclisme mais mon manque d’intérêt à cette « Grande boucle » dont tout le monde parle a probablement joué un rôle dans mon impression. Ne s’agissant là que d’un avis et non d’une parole d’évangile, je vous encourage à découvrir ce roman, surtout si vous appréciez « Le Tour de France ».

 


L'auteur

Né au siècle passé, un dimanche de Pâques, Olivier Chapuis triture et malaxe les mots pour en extraire un jus qu’il espère goûteux. Le désir d’écrire, il l’éprouve enfant déjà, lorsqu’il se met à écrire d’absurdes histoires de planètes inconnues peuplées d’êtres hybrides forcément hargneux. Plus tard, il se contente de la terre et de ses habitants, souvent hybrides et parfois hargneux, mais source intarissable d’inspiration.